Le bon frère

Il s’allongea sur le dos et contempla le ciel. La Voie lactée s’étalait au-dessus de lui comme la couche légère du givre printanier. Certaines étoiles étaient tellement loin qu’au moment où leur lumière lui arrivait, elles s’étaient déjà consumées. Boyd était comme ça. Même mort, il continuait à faire rayonner son énergie dans les collines.

Virgil mène une vie paisible dans une ancienne cité minière des Appalaches qui voit les jeunes la quitter et où ne subsiste que la poste : le vieux Zephaniah ne prend pas sa retraite, bien conscient du service qu’il rend à la population.

Dans cette ville du Kentucky, encastrée dans les collines, tout le monde se connait. Boyd le frère aîné de Virgil a été assassiné. Et les gens de murmurer le nom du tueur. C’était Boyd qui ne tenait pas en place, le frère indompté, celui qui partirait un jour. Virgil avait grandi en laissant à Boyd le rôle du beau parleur puis plus tard celui du fêtard incontrôlable. Il roulait vite, buvait sec, jouait aux cartes et courait les femmes.

Dans les Appalaches, le sang est versé pour le sang ; Virgil se retrouve alors dans une situation impossible. On espère de Virgil qu’il venge son frère, ce qui serait son devoir pour laver l’honneur de sa famille. C’est ce qu’attendent de lui sa mère et sa soeur Sara. Mais Virgil n’est pas un assassin.

Ce qui trouble le jeune homme, c’est que le shérif n’a découvert aucune preuve incriminant celui que tous désignent comme coupable. L’enquête ne conclut pas à sa culpabilité.

Abigail, l’ ex-petite amie de Virgil est revenue dans la ville après avoir quitté l’Ohio et un mari violent. Elle souhaite épouser Virgil, acheter une maison et fonder une famille. Elle comprend ce qui torture son amoureux, la pression et la douleur de sa situation, elle lui apporte son soutien. Je veux que tu saches quelque chose, Virgil. Il faut que tu écoutes ce que j’ai à te dire. Quoi que tu choisisses de faire, je suis avec toi.

Virgil ne sait comment échapper à la vendetta. Et il cherche la meilleure manière de s’en sortir.

Le bon frère est un magnifique roman de Chris Offutt, traduit de l’américain par Freddy Michalski, paru aux éditions Gallmeister dans la collection Totem.

Chris Offutt déroule son histoire dans un style simple où la nature est décrite avec poésie et où le coeur des hommes est sondé avec finesse. Sa prose est à la fois lyrique et incisive. J’ai adoré le roman de cet admirable écrivain. Un pur bonheur.

Rendez-moi mon frère dur et furieux,

Mon jeune frère aux épaules larges,

Toujours un blasphème aux lèvres,

Et au regard un feu brûlant

Qui contemple toute création, et qui dit,

‘ À vous l’honneur, moi, je m’en tape.’

Philip LEVINE « À vous l’honneur »

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